Giovanni Antonio Canal dit Le Canaletto

Le Canal Grande vu du Campo San Vio

vers 1723
Huile sur toile
Collection Jean-Pierre Pescatore

Il Canaletto doit sa célébrité en grande partie aux vues et caprici qu’il réalisa de Venise, sa ville natale. La représentation extrêmement précise des maisons, de ce fait très faciles à reconnaître, impressionne à plus d’un titre. Le tableau à droite figure le campo San Zanipolo (Saints Jean et Paul en vénitien) au nord du sestiere de Castello. La basilique dominicaine Saints Jean et Paul était le lieu de sépulture préféré des doges et de l’aristocratie vénitienne. À proximité se dresse le Colleone, une statue équestre de Bartolomeo Colleoni, général de la République de Venise. Au centre on reconnaît la scuola Grande di San Marco, un édifice datant du début de la Renaissance qui accueillait des frères convers. Il existe de la plupart de ses tableaux plusieurs versions que ne distinguent que quelques détails. Une oeuvre presque semblable à celle-ci par exemple est exposée dans la Galerie de peinture de Dresde.

Philips Wouwerman

Le Maréchal-ferrant

XVIIe siècle
Huile sur bois

Wouwerman est admis dans la guilde des peintres de Haarlem en 1640. C'est à cette époque que naît en Hollande le tableau animalier, en particulier équestre.
L'artiste peint dans des coloris de terre, associant avec recherche des scènes de la vie des cavaliers, des scènes de guerre et des campements; il devient l'un des meilleurs peintres de chevaux de son temps. Il nous a laissé un oeuvre important et a influencé toute la peinture dédiée à la représentation du cheval des siècles suivants. Le tableau exposé ici montre un homme qui fait ferrer sa monture. La forge est éloignée des maisons d'habitation, comme il était de coutume à cette époque, pour prévenir le risque d'incendie.

Pieter Cornelisz. van Slingelandt

La dentellière

XVII^e siècle
Huile sur bois
Collection Jean-Pierre Pescatore

Le peintre Pieter Cornelisz. van Slingelandt était un élève de Gérard Dou. Slingelandt s'inspira fortement des motifs, mais non de la technique de son maître considéré comme le fondateur de l'école leydoise de la peinture fine. L'oeuvre représente une femme, un coussin sur les genoux, faisant de la dentelle. La décorationde la pièce est spartiate. Les objets posés à même le sol attirent le regard : une pantoufle et des ciseaux. Dans la peinture flamande, ils symbolisaient l'immoralité féminine; il était en effet indécent de montrer un pied nu. Le travail manuel en revanche, comme celui de la dentellerie, était considéré comme une activité féminine vertueuse. La ville de Leyde, dont était originaire Slingelandt, était en outre connue pour les dentelles que l'on y fabriquait.

Eugène-Joseph Verboeckhoven

Animaux au pâturage

1844
Huile sur bois
Collection Jean-Pierre Pescatore

Dans son grand atelier de Bruxelles, le peintre belge Eugène Joseph Verboeckhoven peignait essentiellement des tableaux animaliers. Ses paysages de Belgique avec des vaches, des moutons et des ânes étaient particulièrement appréciés du public pour leur exécution soignée et riche en détails. Il lui arrivait de conférer à ses animaux des traits presque humains. Ses oeuvres connurent un grand succès dans les années 1850, plus tard la préférence alla aux représentations réalistes et critiques envers la société et les relégua au second plan. La composition de ses tableaux s’inspire de la tradition du XVIIe siècle. Les représentants les plus connus de ce genre de paysages avec animaux furent Paulus Potter, Willem Romeyn ou Nicholas Berchem, dont Verboeckhoven, pendant sa formation, copia des oeuvres pour les étudier.

David Teniers le Jeune

Le boeuf écorché

1656
Huile sur toile

Cette oeuvre originale provient de l’ atelier du célèbre peintre de genre flamand David Teniers le Jeune. Il s’ agit d’ une combinaison de scène de genre, d’ intérieur et de nature morte. La mise en parallèle du couple amoureux dans la partie droite du tableau et du boeuf écorché, plutôt rude, dans la partie gauche, est marquante. Avec le thème de la scène du « bétail tué », Teniers s’ inscrivait dans une tradition picturale du XVIIe siècle ; l’ un des premiers à avoir traité le thème fut Joachim Beuckelaer. Le boeuf dépecé symbolise le caractère éphémère de la vie, et donc de l’ amour et des plaisirs terrestres. La restitution précise de la texture de chaque matière, ici de la viande crue, est caractéristique du style de Teniers.

Eugène Delacroix

Jeune Turc caressant son cheval

Vers 1825
Huile sur toile
Collection Jean-Pierre Pescatore

Eugène Delacroix, reconnu très tôt comme le chef de file du courant romantique est l’un des artistes les plus représentatifs du XIXe siècle. Avec les tableaux comparables à celui-ci, sept ans avant son voyage en Afrique du Nord, il se familiarise avec les sujets orientaux. Ce voyage répondait à une quête d’authenticité originelle et marqua un tournant dans sa carrière. Delacroix notait ses impressions dans des carnets, ces notes stimulaient son imagination et lui servirent pour l’exécution de plusieurs oeuvres tardives, notamment pour le Passage d’un gué au Maroc, une composition extrêmement dynamique qui met habilement en scène les cavaliers en vêtements orientaux.

Andreas Schelfhout

Rivière gelée avec patineurs

1838
Huile sur bois
Collection Jean-Pierre Pescatore

Les paysages d’hiver s'inscrivant dans la tradition de Hendrick Avercamp (1585 -1634 ) étaient le domaine de spécialité du peintre paysagiste de La Haye Andreas Schelfhout. Les oeuvres de Schelfhout, exécutées dans la plus pure veine romantique, étaient déjà de son vivant très appréciées et, plus tard, devinrent une source d'inspiration pour de nombreux artistes. Le peintre avait la faculté de restituer le froid d'une manière si saisissante que l'observateur ressentait l'ambiance singulière et croyait même entendre le bruit des patins sur la glace.

Jan Havicksz. Steen

La Fête des Rois

vers 1664
Huile sur toile
Collection Jean-Pierre Pescatore

Jan Steen comptait parmi les principaux représentants du
« Siècle d’ or », ses oeuvres étaient très recherchées et donc chères. Steen thématise ici la Fête des Rois, une coutume populaire remontant au Moyen Âge. Un gâteau est préparé dans lequel est dissimulée une fève. Celui qui trouve la fève est couronné roi. Ce thème était très en vogue dans la peinture néerlandaise et des artistes tels que Bosch, Brueghel ou Joerdaens l’ ont traité.

Pieter Brueghel le Jeune

La Conversion de saint Paul

1691
Huile sur toile

Pierre Brueghel le Jeune entretient à Anvers un atelier comptant de nombreux assistants qui répondent à une forte demande en produisant surtout des copies plus ou moins fidèles de tableaux originaux de son père. L’oeuvre exposée ici reproduit un épisode de l’histoire des apôtres, en l’occurrence la conversion de saint Paul. On y voit une colonne de soldats gravir un chemin dans un paysage montagneux hostile. Au centre de l’image gît un cavalier qui est tombé de sa monture ; son regard est tourné vers le ciel d’où transperce un rayon de lumière venant du côté gauche. La transposition de sujets bibliques dans un contexte contemporain est un effet de style caractéristique de Brueghel l’Ancien, père d’artiste.

Jacques-Raymond Brascassat

Paysage avec animaux

1840
Huile sur toile
Collection Jean-Pierre Pescatore


Ce tableau s’ inscrit dans la tradition picturale de Paulus Potter, un influent peintre néerlandais de l’époque baroque qui avait fait de la peinture de paysages avec animaux de pâturage sa spécialité. Le peintre français Jacques - Raymond Brascassat avait suivi la même voie que son illustre prédécesseur et peignait essentiellement des animaux. Avec habileté, il a représenté ici un imposant taureau entouré de vaches, de moutons, de brebis et de chèvres. Le diplôme d’ honneur du Salon de Paris fut décerné à Brascassat pour cette oeuvre en 1840.

Barend Cornelius Koekkoek

Vallée de la Moselle

1841
Huile sur toile
Collection Jean-Pierre Pescatore

Ce tableau de 1841 montre une vue ensoleillée de la vallée de la Moselle près de Schengen. Il a été réalisé lors d’un voyage précédent de l’artiste dans la région. Tandis que la représentation de la forêt dans la partie droite de l’image s’inscrit dans la lignée de la peinture paysagère du 17e siècle, le tableau recèle également des effets de lumière caractéristiques du romantisme.

Hippolyte (dit Paul) Delaroche

Les joies d'une mère

1843
Huile sur toile
Collection Jean-Pierre Pescatore

Paul Delaroche comptait déjà de son vivant, avec Théodore Géricault et Eugène Delacroix, parmi les peintres de scènes historiques parisiens les plus célèbres. Guillaume II acquit cette oeuvre en 1843. Ce n'était pas un « tableau historique » au sens strict, comme le déploraient les critiques, mais une scène d'une poésie touchante. Couleurs vives, contours clairs, dramaturgie de la composition picturale, toutes les caractéristiques de son style se retrouvent ici dans le traitement du thème de « l'amour maternel ». Il est probable qu'il s'inspira d’une madone de Raphaël.